PoèmesCe siècle avait deux ans…

Ce siècle avait deux ans…

Hors série du jour, 26 février 2022

Encore Hugo ?! Oui mais aujourd’hui, c’est obligé, c’est son anniversaire ! C’est en effet le 26 février 1802 que naquit à Besançon Victor, le troisième garçon du capitaine Joseph Léopold Hugo et de son épouse Sophie Trébuchet.

Jeune écrivain, il n’a pas trente ans lorsque ses premiers recueils de poèmes sont publiés, notamment Les Orientales (1829) et Les feuilles d’automne (1831), dix ans après la mort de sa mère.

Cet anniversaire est l’occasion de relire cet hommage à sa mère, dont Hugo fut très proche, notamment suite à la séparation de ses parents. Ce poème débute par le vers sans doute le plus célèbre de Hugo, et au-delà des références classiques (l’Antiquité, l’Empire), il évoque ses sentiments et son émotion au souvenir de sa mère, le mouvement romantique est à l’oeuvre !

Très bon anniversaire Victor !

Laurent.

________

Ce siècle avait deux ans…

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi. –

Je vous dirai peut-être quelque jour
Quel lait pur, que de soins, que de vœux, que d’amour,
Prodigués pour ma vie en naissant condamnée,
M’ont fait deux fois l’enfant de ma mère obstinée,
Ange qui sur trois fils attachés à ses pas
Epandait son amour et ne mesurait pas !

Ô l’amour d’une mère! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier !

[…]
Issu du recueil Les feuilles d’automne (1831), de Victor Hugo (1802-1885)

Victor Hugo (1802-1885)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez-vous à la newsletter