PoèmesL’âme, le bleu

L’âme, le bleu

J’ai eu envie de partager!

Je ne vous ferai évidemment pas une explication de texte sur « l’Âme » ce livre de Christian Prigent qui m’a marqué.
Probablement l’un des premiers qui m’ait fait rentrer dans l’univers parfois mystérieux de la poésie contemporaine.
Perplexe face à un tel texte, j’en ressentais toutefois l’esprit et une certaine musique envoûtante. La répétition du bleu, d’un bleu envahissant, dégringolant dans des suites de mots pénétrant dans l’intime. Sa maîtrise apparente des mots, la grande modernité de phrases déconstruites tout en étant sensées, m’ont beaucoup impressionné.
Je l’ai appris par coeur.

À force de répétitions, j’en ai compris le rythme. Quant au sens, il se laisse doucement découvrir après quelques lectures à voix haute. J’ai aussi pu lire que le bleu d’une toile de l’artiste Robert Motherwell en aurait été un point de départ ! De quoi convoquer quelques affinités personnelles !
Bref, ces raisons et bien d’autres encore, m’ont donné envie de partager avec vous, adhérent, ce coup de coeur pour ce talentueux poète, né en 1945, au parcours étonnant et qui, en 2018, a reçu le Grand prix de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre.

Bonne lecture!

Matthieu

Texte tiré du recueil « l’Âme » aux Editions P.O.L – mars 2000- 128 pages.

Pour en savoir plus sur le livre : http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=2-86744-745-3

Pour acheter le livre : https://livre.fnac.com/a857832/Christian-Prigent-L-Ame#omnsearchpos=7

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L’âme : le bleu

le bleu déplorable
le bleu de Prusse suspendu au noir
le bleu du déboire

le bleu de succion
le bleu des gnons
le bleu d’horions
le bleu de zéro horizon

le bleu de nuit
le bleu recuit
le bleu de cuite
le bleu de fuite

le bleu vite
le bleu vide

le bleu, sans yeux l’album
de l’oeuvide
l’albumine
de l’oeuf de moi vide

car triste triste
à cause à cause

car triste à cause de triste
car cause triste des causes

par trop de crises

mon âme ô

mon animau de triste
cire la dent
en crosse critique ensuccion vide dans

la consolante pause des
pleines des denses des
douces grises proses

extraits de l’âme, le bleu (2000) – Christian Prigent (1945-)

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