ActualitesVivre avec la poésie, en compagnie de Sylvain Tesson

Vivre avec la poésie, en compagnie de Sylvain Tesson

Répliques, France Culture, Samedi 13 avril 2024

Un régal d’écoute !

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/vivre-avec-la-poesie-en-compagnie-de-sylvain-tesson-6278327

Quelques passages remarquables :

Charles Péguy (1873-1914), Eve
[…]
Et par là vous savez par quoi l’homme se perd.
Il veut se dire grand et ne pas voir qu’il baisse.
Il veut se dire fort quand il cède et s’affaisse.
Il veut se dire libre, et ne pas dire qu’il sert.

Et par là vous savez combien l’homme se trompe
Quand il dit qu’il offense et quand il dit qu’il plaide.
Il a mal mesuré combien sa vie est laide
Et qu’il faut qu’elle plie et qu’il faut qu’elle rompe.

Et par là vous savez à quoi l’homme se prend.
C’est à quelque fantôme issu de sa cervelle.
À quelque pas dansé sur une herbe nouvelle.
Et par là vous savez le peu que l’homme rend.
[…]
Et par là vous savez ce que l’homme découvre.
C’est que tout souvenir est un point de douleur.
Et que tout avenir est un puits de malheur.
Et que toute blessure est présente et se rouvre.

Et par là vous savez de quoi l’homme se doute.
C’est qu’il est un pauvre être et que tout finit mal.
Et par là vous savez ce que l’homme redoute.
C’est d’être malheureux comme un morne animal
[…]
Et vous savez surtout de quoi l’homme se venge.
C’est du bien qu’on lui fait et du bien qu’on lui veut.
Et cet arrière-goût pour l’ordure et la fange.
Et de faire le mal par les moyens qu’il peut.
[…]
Mais vous savez aussi qu’il n’exagère pas
Quand il dit qu’il est faible et quand il dit qu’il tremble.
Et qu’il fait peine à voir et qu’il est tout ensemble
Sous le coup de la vie et le coup du trépas.

Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations – Livre V – En marche
Lettre au marquis de C. d’E – ÉCRIT EN 1846

[…]

L’âge ayant entre nous conservé l’intervalle
Qui fait que l’homme reste enfant pour le vieillard,
Ne me voyant d’ailleurs qu’à travers un brouillard,
Vous criez, l’œil hagard et vous fâchant tout rouge :
— Ah çà ! qu’est-ce que c’est que ce brigand ? Il bouge ! —
[…] Vous dites : Où vas-tu ? Je l’ignore ; et j’y vais.
Quand le chemin est droit, jamais il n’est mauvais.
J’ai devant moi le jour et j’ai la nuit derrière ;
Et cela me suffit ; je brise la barrière.

Guillaume Apollinaire (1880-1918), Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916)

Mais ici comme ailleurs je le sais la beauté
N’est la plupart du temps que la simplicité

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