PoèmesLes Conquérants

Les Conquérants

Lendemains épiques

Avec les traditionnels voeux de nouvel an arrivent les bonnes résolutions et les grandes ambitions pour l’année qui commence, qu’elles soient personnelles ou collectives, intimes ou exprimées. Quels seront nos désirs de conquête cette année ? Conquête sportive, conquête sociale, conquête de marché, conquête spatiale, faites vos voeux !

Né à Cuba en 1842, de quoi rêvait José-Maria de Heredia avant d’arriver en France, à Senlis, à l’âge de neuf ans pour y faire ses études ? De droit, d’histoire, de littérature, ou déjà de l’Académie française où il sera élu à 51 ans ?
Membre du mouvement parnassien qui marque une rupture avec les poètes romantiques et engagés, Heredia adhère à la vision de « l’art pour l’art » et travaille avant tout la beauté de ses textes.
Avec son poème le plus célèbre, les Conquérants, il retrace l’épopée des conquistadors espagnols qu’il aurait aimé vivre, leurs rêves de conquête matérielle mais aussi d’aventure, d’exotisme et sans doute de conquête plus spirituelle.

J’aime ce poème appris au collège, oublié, puis redécouvert, étudiant, en traversant le jardin du Luxembourg avec un ami qui s’arrêta devant son buste et dit alors ce sonnet.

Pour cette année, je vous souhaite de trouver un ou deux rituels qui vous permettront de dire et redire les poèmes que vous aimez, afin de les faire vivre et partager notre magnifique patrimoine poétique.

Très bonne lecture !

Laurent Malhomme

Vice-Président APPF

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Les Conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Ou penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

José-Maria de Heredia (1842-1905), Les Trophées (1893)

Illustration : Monument à José Maria de Heredia, 1925, bronze et marbre Victor Ségoffin, Jardin du Luxembourg, Paris

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