Notre-Dame de Paris

Renaissance… gothique

A l’heure de la réouverture tant attendue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, cinq ans après le terrible incendie qui la ravagea, j’ai immédiatement pensé à Gérard de Nerval.

Gérard de Nerval, pseudonyme de Gérard Labrunie, écrivain, poète, est né le 22 mai 1808 à Paris où il est mort le 26 janvier 1855.

En 1828, Victor Hugo, âgé de 26 ans, publie Notre-Dame de Paris, un grand roman dramatique et populaire, avec la belle Esméralda, le bossu Quasimodo, et l’archidiacre Frollo.

C’est lui qui alarme l’opinion sur la lente décrépitude de l’édifice et l’urgence de son sauvetage.

A la même époque que Victor Hugo, Gérard de Nerval exprime alors un constat similaire et lui dédie ce poème en 1832, Notre-Dame de Paris, publié dans le recueil Odelettes.

J’aime ce poème dont le sens paraît presque prophétique, et on se dit que, paradoxalement, « heureusement » que Notre-Dame a brûlé, car cela a permis sa renaissance, plus magnifique que jamais on n’aurait pu l’espérer sinon.

Ayant eu la chance d’y être invitée cette semaine, j’ai été submergée par l’émotion devant cette beauté indicible. J’ai eu l’impression d’être projetée quelques 800 ans en arrière et de pouvoir contempler l’avènement de la cathédrale gothique, folie architecturale des XIIe et XIIIe siècle. L’idée était de bâtir une église toute en hauteur, sur des murs très fins percés de larges vitraux afin d’offrir un pluie de lumière menant directement vers le Ciel.

C’est exactement l’impression qu’on a en y pénétrant, allez voir cela par vous-même!

Très bonne lecture, joyeux Noël ou joyeuses fêtes!

Anne Capron

Vice-Présidente APPF

Ecoutez ce poème lu par Pierre Brasseur: Notre-Dame de Paris dit par Pierre Brasseur

Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !

Gérard de Nerval, Odelettes (1834)