PoèmesEn été, le soir

En été, le soir

Je ne résiste pas…

Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous – la poésie n’est-elle pas partage ? – un poème en prose comme souvent, de Jean-Michel Maulpoix. Un poème pour l’été, dira-t-on, au titre évocateur « en été le soir ».

Né à Montbéliard en 1952, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud et agrégé de lettres modernes, Professeur d’université, Prix Goncourt de Poésie pour l’ensemble de son œuvre en 2022, l’auteur est pour moi l’un de mes préférés parmi les poètes contemporains. J’aime profondément son style, d’une très grande élégance, fin et précis, d’une grande simplicité, en « équilibre précaire entre intérieur et extérieur ».
Tout y est en quelques mots : l’intime des sujets traités, la furtivité des instants qu’il cherche à capter, leur fragilité. Le choix de thématiques d’aujourd’hui, dans nos vies de tous les jours. Une attention portée à l’altérité, à nous lecteurs également, à cette façon qu’il a de nous plonger dans la vie.

J’avais déjà eu l’occasion de lire son dernier recueil « Rue des fleurs » ; je l’avais beaucoup aimé. J’ai eu l’immense bonheur de le lire à nouveau lors de la sélection des ouvrages pour le prix APPF 2022. Les éditions Mercure de France nous l’ont en effet adressé à des fins de participation. Il a fait partie d’une ultime courte liste, et de notre recommandation de lecture pour cet été.

Partage pour vous donc ! Prenez le temps d’en profiter, à lire ou relire, rêver un peu dessus, peut-être en acheter le recueil.

Bonne lecture et belle fin d’été !

Matthieu Jacquillat, Président APPF

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En savoir plus sur l’auteur : http://www.maulpoix.net/Biographie.htmlhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Michel_Maulpoix

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En été, le soir

I

Les soieries d’été sont douces au toucher
C’est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles

Sous la laine noire des arbres des voix tricotent
Peaux brunes la promenade est encore belle.
Poudre à vos yeux bleu de vos cernes
La lune en son halo de juillet.

II

Terrasse en surplomb d’où considérer les passants
Nappe en papier blanc serviette de papier rouge
Pizza Margarita des bulles de Valpolicella
Un soir comme celui-ci les voix sont faciles et lointaines

Le rire des convives applaudit
On grignote des morceaux de ciel
Du soleil couchant jusque dans l’assiette
Léger d’épaules et de visage

Cette vie grésille entre les doigts puis s’envole en fumée
Ce goût d’alcool et de tabac on voudrait que ça dure
Surtout ne pas bouger ne plus rien déranger.
Une mouche sur une brindille se tient en équilibre.

Jean-Michel Maulpoix – Rue des fleurs – Mercure de France 2021

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