A mon père
Vive les pères!
Ce dimanche, nous célébrons la fête des pères. Parfois malmenés, voire déconstruits, réduits à un numéro (parent un ou deux), il était temps de souligner tout l’amour et la reconnaissance que nous avons à leur égard, qu’ils soient encore parmi nous ou malheureusement plus de ce monde.
Les poètes ont été nombreux à dédier des poèmes à leur père, dépeignant une figure paternelle autrefois distante et autoritaire mais souvent juste et bienveillante. Heureusement, les pères d’aujourd’hui sont plus affectueux, drôles et proches de leurs enfants alors : vive les pères!
Bonne lecture,
Anne
Théodore de Banville (1823-1891) est un poète, critique dramatique et chroniqueur littéraire. A Paris, il fréquenta les milieux littéraires les plus anticonformistes. Il fut ami de Victor Hugo, de Charles Baudelaire et de Théophile Gauthier qui le poussèrent à se consacrer à la poésie. Il devint une figure importante et influente du monde littéraire.
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À mon père
Ô mon père, soldat obscur, âme angélique !
Juste qui vois le mal d’un oeil mélancolique,
Sois béni ! je te dois ma haine et mon mépris
Pour tous les vils trésors dont le monde est épris.
Oh ! tandis que je vais fouillant l’ombre éternelle,
Si la Muse une fois me touchait de son aile !
Si ses mains avaient pris plaisir à marier
Sur mon front orgueilleux la rose et le laurier
Par lesquels le poëte est souvent plus qu’un homme,
Comme je tomberais à tes genoux ! et comme
Je ne serais jaloux de personne et de rien,
Si tu disais : Mon fils, je suis content, c’est bien.
Car ce cœur fier que rien de bas ne peut séduire,
O père, est bien à toi, qui toujours as fait luire
Devant moi, comme un triple et merveilleux flambeau,
L’ardeur du bien, l’espoir du vrai, l’amour du beau !
Théodore de Banville, Les Stalactites, Février 1846.